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Kystes mucoïde
Qu'est-ce que sont les kystes mucoïdes ?
Les kystes mucoïdes sont de petites tuméfactions (gonflements) qui siègent le plus souvent au dos de la dernière articulation des doigts, près de l'ongle (articulation interphalangienne distale). Ces tuméfactions sont toujours bénignes.
D'où viennent les kystes et où sont-ils situés ?
Les kystes mucoïdes sont d'origine articulaire. Ils sont remplis d'un liquide gélatineux et se développent en profondeur (avec risque de déformation de l'ongle) et/ou en superficie (risque de fistulisation). On retrouve ce type de kystes au niveau des articulations arthrosiques.
Quels sont les symptômes des kystes mucoïdes ?
Le signe clinique le plus fréquent du kyste mucoïde est la présence d'une tuméfaction (Figure 1). Avec le temps, la peau en regard du kyste devient de plus en plus pellucide (transparente).
L'un des autres symptômes est une déformation de l'ongle, qui est due à la compression de la matrice par le kyste (figure 2). Une déformation arthrosique du doigt peut également apparaître (bosses, nodules, angulations).
En cas de rupture du kyste (fistulisation), une infection de l'articulation (arthrite) et parfois de l'os (ostéo-arthrite) peut survenir.
Comment est posé le diagnostic qui confirme la présence d'un kyste mucoïde ?
Pour confirmer la présence d'un kyste mucoïde, le patient doit passer un examen radiographique. Celui-ci aura pour fonction de rechercher des signes d'arthrose sous-jacente (Figure 3).
Quels traitements en cas de kyste mucoïde ?
La prise en charge thérapeutique dépend de la taille du kyste.
Pour les kystes récents de petite taille :
Ce type de kyste, sans déformation de l'ongle, demande une simple surveillance. L'acte chirurgical (ponction du kyste) est à proscrire, car il aboutit dans la plupart des cas à une infection de l'articulation.
Pour les kystes volumineux et/ou fistulisés et/ou avec déformation de l'ongle :
Pour ces types de kystes, la prise en charge est chirurgicale. Le kyste et la peau en regard sont alors retirés par le chirurgien. La perte de substance cutanée est couverte soit par un lambeau (la peau voisine est décollée et tournée au-dessus de la perte de substance) (Figure 4), soit par une greffe de peau prélevée sur la main ou l'avant-bras.
Si l'articulation présente une arthrose modérée, les becs osseux (ostéophytes) sont retirés durant l'intervention. Notez qu'aucun geste n'est réalisé sur l'ongle. Ainsi, après l'exérèse du kyste, la repousse de l'ongle fera disparaître la déformation.
En cas d'arthrose majeure et douloureuse, un blocage de l'articulation (arthrodèse) est nécessaire. En effet, l'excision du kyste ne suffit pas à éliminer les douleurs. Cette intervention chirurgicale nécessite la mise en place de matériel (vis ou broche) et une immobilisation de l'articulation. Ce blocage de l'articulation a peu de conséquences fonctionnelles, car elle est réalisée le plus souvent sur une articulation déjà détruite.
L'acte chirurgical est majoritairement réalisé sous anesthésie loco-régionale (seul le bras du patient est endormi), en ambulatoire (pas d'hospitalisation).
Quelles sont les suites post-opératoires après une opération chirurgicale pour des kystes mucoïdes ?
Pour ce type d'intervention sur cette maladie, un petit pansement est réalisé tous les 2-3 jours pendant 14 jours. Le 14eme jour, les fils sont retirés. En cas d'arthrodèse, l'articulation est immobilisée pendant 1 à 3 mois, selon le montage.
La rééducation post-opératoire n'est pas forcément nécessaire.
Quelles sont les complications possibles ?
Aucun acte chirurgical n'est sans risque de complication secondaire. Ainsi, en cas de chirurgie pour un kyste mucoïde, on peut classer les complications en deux catégories.
Les complications non spécifiques :
Parmi ce type de complication, on peut citer :
- L'infection sur site opératoire qui peut nécessiter une intervention de nettoyage associée à la prise d'antibiotique.
- Un hématome qui peut nécessiter une évacuation en cas de menace cutanée ou de compression nerveuse.
- Une algodystrophie. Son apparition est indépendante du type de chirurgie. Elle évolue en deux phases : phase chaude (main gonflée, douloureuse avec transpiration), puis froide (prédominance de la raideur). L'évolution est le plus souvent longue (12-18 mois) et des séquelles sont possibles (douleur et/ou raideur des articulations des doigts et/ou poignet et/ou épaule).
- Les accidents liés à l'anesthésie.
Complications spécifiques :
Pour ces complications, on retrouve :
- La récidive, qui est la complication la plus fréquente (5 à 10 % des cas). L'utilisation d'un lambeau ou d'une greffe de peu diminue considérablement ce risque.
- Les difficultés de cicatrisation, la mort de la greffe de peau ou du lambeau. Néanmoins, il s'agit d'une complication rare favorisée par le tabagisme.
- L'enraidissement post-opératoire. Le plus souvent en rapport avec l'arthrose sous-jacente plutôt qu'avec l'acte chirurgical.
- La séquelle esthétique unguéale. La déformation de l'ongle peut persister malgré le traitement du kyste.
- Des douleurs sur la cicatrise, qui peuvent durer plusieurs mois. La régression est le plus souvent spontanée.